C’est l’un des défis les plus urgents auxquels le monde est confronté aujourd’hui.
Avec une population en croissance constante et des dérèglements climatiques qui intensifient la sécheresse et les effets sur la disponibilité de l’eau douce, l’accès à l’eau est devenu une question centrale pour la survie de l’humanité.
Selon les Nations Unies, d’ici 2025, la moitié de la population mondiale vivra dans des régions en situations de stress hydrique, où l’or bleu sera donc rare. Les pays doivent faire face à des défis tels que la rareté de l’eau, l’augmentation de la demande et la pollution de l’eau.
Faut-il instaurer une gouvernance mondiale sur l’eau avec un plan “eau” ?
La question d’une gouvernance a été posée par de nombreux experts et militants de l’eau, qui soulignaient la nécessité d’une approche globale de la gestion de l’eau de la part des pays et des différents acteurs.
Du 22 au 24 mars 2023, les représentants des 193 Etats membres de l’ONU ont eu rendez-vous à New York pour une conférence mondiale dédiée à l’eau. Ce sommet environnemental réunissait un large panel d’acteurs afin d’examiner cette question et de proposer une gestion intégrée de l’eau pour répondre à la crise de l’eau.
Une gouvernance rendue possible par une coordination au niveau mondial afin d’aider les pays à gérer cette ressource devenue rare de manière responsable et de pouvoir résoudre les conflits liés à l’eau entre les États.
Certains militants vont plus loin et réclament un droit international de l’eau potable, pour garantir à chaque personne un accès équitable à l’eau potable et à l’assainissement. Pour rappel, 2,2 milliards d’humains (un quart de la population mondiale) n’ont pas accès à l’eau potable, et 3,6 milliards (la moitié) sont privés de toilettes convenables.
Le point de vue de Franck Vogel
L’eau est une ressource essentielle pour la vie et l’environnement, et de nombreux pays ont des besoins différents en matière d’eau en fonction de leur climat, de leur géographie et de leur économie. L’eau est également une ressource limitée qui peut être menacée par la pollution, la surconsommation et les changements climatiques.
Avec la tendance actuelle à faire appel à l’IA, j’ai moi aussi voulu l’interroger et voir ce qu’elle avait dans le ventre. Voilà sa réponse :
« En raison de la complexité de la question, il n’y a pas de réponse simple ou unique. Cependant, il est généralement admis qu’une gestion efficace et durable de l’eau nécessite une coordination à l’échelle mondiale, régionale et locale. Les défis liés à l’eau nécessitent une coopération internationale pour assurer une gestion équitable et durable de la ressource en eau.
Une gouvernance mondiale de l’eau pourrait aider à établir des règles communes pour la gestion de l’eau à l’échelle internationale, ainsi que pour résoudre les conflits entre les pays et les régions. Elle pourrait également aider à garantir un accès équitable à l’eau pour tous les peuples, y compris ceux qui vivent dans les régions les plus arides et les plus pauvres du monde.
Cependant, la mise en place d’une gouvernance mondiale de l’eau pourrait également être confrontée à des obstacles politiques, économiques et culturels, ainsi qu’à des questions de souveraineté nationale et régionale. Il est donc important de trouver un équilibre entre les intérêts locaux et internationaux pour garantir une gestion efficace et durable de l’eau. »
On constate qu’elle ne se mouille pas trop, puisqu’elle n’a pas pu sentir dans ses tripes l’importance de l’eau, mais qu’elle résume bien la situation.
Pour ma part, je m’y suis plongé pendant 8 ans. Une vraie passion est née. J’ai parcouru notre planète pour mieux comprendre les tensions liées à l’accès à l’eau sur les fleuves transfrontaliers pour le magazine GEO. Mon travail photographique et d’investigation débuta en 2012 avec le Nil et le projet controversé de construction du barrage de la Grande Renaissance en Éthiopie. J’ai poursuivi avec le Brahmapoutre, suivi du Colorado qui n’atteint plus la mer depuis 20 ans, du Jourdain, du Mékong, du Gange, du Zambèze et enfin du Danube, que j’ai fini en 2019. Une enquête au long cours qui donna lieu à de nombreuses publications dont le livre « Fleuves Frontières » aux éditions de La Martinière.
J’ai pu mesurer l’importance de l’eau pour la vie et je me suis rendu compte que les Fleuves Transfrontaliers sont au cœur des enjeux, des tensions et des guerres de l’eau.
Comment la première puissance mondiale peut-elle impunément couper l’eau à son voisin mexicain parce que 300 familles américaines dans le sud de la Californie ont décidé de changer leur modèle agricole il y a 20 ans ?
Comment l’Égypte peut-il décider de creuser le canal de Jonglei chez son voisin soudanais au début des années 1980 avec pour but de gagner un peu de débit sur le Nil Blanc et ainsi assécher une gigantesque zone marécageuse ? L’histoire en a décidé autrement puisque les Dinkas, qui vivent sur place, ont compris qu’il fallait agir pour survivre. Ils ont donc attaqué en 1984 le site de construction et cela a déclenché 20 années de guerre civile et la naissance d’un nouveau pays, le Soudan du Sud.
Je pourrais citer beaucoup d’autres d’exemples réels qui me font dire qu’il y a une urgence absolue à créer une gouvernance mondiale sur l’eau. Et le changement climatique en cours ne fait qu’accentuer ce besoin. Pour moi, il est grand temps de se réveiller sur le sujet.
Quelles pistes prioritaires privilégier pour faire face aux pénuries à venir ?
L’inadaptation de la gestion de l’eau face à la rareté croissante de la ressource en eau devrait faire appel à des solutions et propositions pour répondre aux pénuries à venir. Ce fait est d’autant plus percutant lorsque l’on voit comment certains pays sont complètement dépendants de l’eau des autres territoires.
Certaines pistes pour faire face à ces manques d’eau pourraient inclure la gestion de la demande d’eau, en réduisant la consommation d’eau dans les foyers et les entreprises, ainsi que la promotion de l’agriculture durable et de pratiques de gestion des terres qui permettent de stocker l’eau de pluie.
Les technologies pour réduire la consommation d’eau dans les industries et les bâtiments doivent également être développées et encouragées.
Le point de vue de Frédéric Denhez
Il s’agit déjà de renforcer la gouvernance de l’eau telle qu’elle est aujourd’hui, afin que tout projet d’aménagement du territoire, de construction, d’agrandissement, d’agriculture, de production industrielle soit analysé à l’aune de la quantité et de la qualité d’eau disponibles. En fait, les PLU et les Scot, documents d’urbanisme et de planification, devraient être adossés à l’eau. De même les Sage, les documents qui définissent la gestion de l’eau, devraient comporter des objectifs de réduction de la consommation.
Ensuite, les sols. Ce sont eux les meilleures bassines. Les alliés, les adjoints des nappes. Un sol qui contient beaucoup d’eau est un sol couvert en permanence, très peu travaillé, très peu ou pas pulvérisé aux pesticides et aux engrais, riche en matières organiques. C’est un sol dense, vivant, comme celui d’une prairie. À la fois réservoir d’eau… et de carbone. Cette façon de produire sans toucher le sol devrait être la norme.
La crise de l’eau est un enjeu majeur pour la planète et demande à être traitée avec une approche globale afin d’activer des leviers efficaces. Les gouvernements et les citoyens doivent prendre des mesures pour gérer l’eau de manière durable et responsable afin de garantir un accès équitable à l’eau potable à tous et pour tous.
Il est impératif d’adopter une approche coordonnée, en tenant compte de l’ensemble des secteurs concernés, pour résoudre les conflits liés à l’eau et faire face aux pénuries à venir.